Jusqu’au 18 décembre, le Carré Amelot de La Rochelle expose le travail réalisé par le photographe Didier Ben Loulou à Athènes entre 2006 et 2009. En parcourant ce haut lieu de civilisation, il entrevoit certes les restes de l’ancienne Attique, mais il la confronte à la modernité. Comme à son habitude, le photographe refuse de travailler dans l’immédiat et l’urgence, écartant toute idée de reportage, et inscrit sa démarche dans un temps empreint de disponibilité, d’éthique artistique et d’humanité.
Pollution, destruction, immigration de masse deviennent les véritables enjeux d’une mise en perspective qui part des ruines antiques pour rejoindre ces nouveaux territoires sur lesquels vivent et travaillent des populations d’immigrés et des gens du voyage : rencontre du tiers-monde avec celle du quart-monde à la périphérie de la capitale. Didier Ben Loulou mène là une sorte d’enquête, explorant la « marchandisation » des êtres et des corps, de l’exil, de l’errance et de la pauvreté. Comme à Jaffa (1983-1989), à Jérusalem (1991-2006), le photographe n’a de cesse de questionner les mythes fondateurs des villes en les confrontant à l’incertitude et à la fragilité du monde actuel.
Loin de tout cliché, dévoilant la misère d’une population laissée-pour-compte, l’immigration de masse, l’attente, les regards fermés, il livre des images marquées par une très grande picturalité.
Exposition réalisée en collaboration avec l’Artothèque, Espaces d’Art Contemporain à Caen, l’artothèque Benjamin Rabier à La Roche-sur-Yon et la galerie le Carré d’Art à Chartres de Bretagne. Avec le soutien de la Région Poitou-Charentes.
Lauréat de la Villa Médicis hors les murs, Didier Ben Loulou a obtenu une bourse du Fiacre (Fonds d’Art contemporain) puis a été récompensé par la European Association for Jewish Culture, Visual Arts Grant, Paris/Londres. En 2007, un fonds a été ouvert à l’Imec où se trouve désormais l’ensemble de ses archives.
Athènes est édité aux éditions de La Table Ronde, 2013, photographies de Didier Ben Loulou et poèmes de Yorgos Markopoulos, traduits par Michel Volkovitch.